La solitude, Gustave Caillebotte

Publié le par Le zôgraphe

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  La place de l'Europe, temps de pluie, Caillebotte

 

 

C'est un des tableaux qui me touchent le plus. J'ai toujours été surpris que les gens ne se connaissent pas et qu'il est des êtres, pour la plupart, qu'on ne connaîtra jamais alors qu'on les croise, parfois plusieurs fois dans la vie.

La ville est un rassemblement d'êtres humains qui ne se connaissent pas.

L'absence d'horizon dans cette peinture est criant de douleur. Il y a une analogie entre ces pavés et les regards pavides du couple au premier plan.

Les parapluies ont la couleur du ciel gris comme si chacun était sous son propre nuage. Le va-et-vient des âmes citadines dans ce labyrinthe d'immeubles et de rues est saisissant ; on ressent une sorte de sérennité froide à être parmi un monde qui ne nous voit pas.

Caillebotte nous amène dans cette traversée par sa technique du réel ; notre regard pourrait être celui d'un de ces promeneurs.

 Et puis on attend le choc des parapluies entre l'homme et le couple qui ont le regard détourné. Contact fortuit.

On n'est jamais par hasard dans une ville et sans hasard il y a peu de rencontre. C'est en partie à cause de cette absence originelle de hasard qu'on ne détourne jamais le regard sur un autre. Car on est en ville pour avoir affaire.

Dans la rue, on est là comme un décor. On est les passagers aveugles du temps.

 

 

 

Publié dans notes de lecture

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