Notes de voyage : Tanger - Anta chourouk- détroit de Gibraltar
Le Mercredi 8 août, Tanger
Anta chourouk-Détroit de Gilbraltar
Les terres nous séparent,
Au milieu
La mer.
Le désir se nourrit secrètement de mots
Réenchante la même étoile qui s'éloigne.
Toujours, le silence ancré en éclairement.
Tu montes et descends, amarres l'ailleurs.
Je ne vois jamais rien de toi mon amour.
L'eau témoigne par de grands horizons marins
Le quiproquo entre la mer et l'océan,
Bataille millénaire face aux deux témoins.
Je suis cette terre menacée d'amaurose
À cause du lever de soleil que j'ai vu,
Sans aurore, ni midi, en sursis,
Précaire,
Face à l'ovule brûlant poindre de la mer.
Les vagues lissent, en vain, l'épiderme bleu
Et meurent, le cou étouffé, au bord de la mer.
Je t'appelle dans les cris de la mort des vagues.
Le hurlement des vagues recouvre l'appel.
La mer sape toute tentative tragique.
Elle exècre la réparation des hommes.
Obsédée par elle-même - la mer
Dans son désir d'elle-même - la mer
Enveloppée d'elle-même - la mer
Elle s'aime
En léchant infiniment ses propres frissons.
Je hais ce lieu d'écartement de la terre.
Où mer et océan, unis, nous séparent.
Tu es mon exil, mon premier regard sauvage.
Je crie à la gueule des monstres et des dieux,
qui se chevauchent,
Dans l'étroit,
de ce passage,
Mon amour inconnu qui masque l'étoile.
J'aime à la manière de la mer qui s'aime,
Seule une mienne image dans ce miroir bleu.
L'étendue s'éloigne et modèle ton visage.
Je reconnais dans l'absence ta voix seule.
... Le passage bruyant et funèbre des vagues ...
Mes plaintes étouffées par le ressac tordent,
sous le choc, le cou fier et musclé des vagues.
Ma voix s'écrase au bord de la mer, dévorée
Par les chants voraces de la jetée des vagues.
C'est le chant, l'écho du retour impossible
Aimer l'impossibilté de se rejoindre
Dans ce lieu de l'attachement absolu.
S'aimer comme la mer s'aime elle-même.
Celer le tournoiement solaire de la mer.