Cet éclat deuxième

Publié le par Le zôgraphe

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Le Cher, photo Reitavas

 

Le temps se perd.

Être dépourvu de forces, être dans  une attente générale. L'idée que ce grand rendez-vous de la vie qui vous a illuminé,  qui vous a fait sentir intensément vivre, est dorénavant raté.

Le temps ne se calcule plus à partir d'un décompte d'heures et de jours, mais d'images, d'images hors du temps comme celles des rêves -d'un pays éloigné à l'infini du temps.

 

Le temps vécu n'est plus d'aucune aide; l'aube et la nuit sont sans secours.

 

Il y a cette marée de soupirs qui va et revient.

Un peu de honte aussi à s'être perdu, lâché, abandonné comme ça au tout d'un être, au banissement volontaire,

au ridicule de l'éclairante humiliation, de sa jouissance, de vouloir revenir encore, de ce sevrage impossible,

 de cet amour de la mort qui s'est fixé sur un objet.

  Et la redécouverte d'un langage ancien qui semble vous surprendre, sortir de vos lèvres et de votre gorge, revenu de l'année zéro de l'existence. Ce cri, les manifestations physiques, la violence qui se déchainent sur le corps, la douleur immense.

La colère contre cette lâcheté mise en scène par soi-même : d'en faire l'œuvre de sa vie.  Se sentir incapable de se démettre de cette promesse.

On creuse un trou et dans le séjour profond des morts plus rien n'arrive.

Il n'y a que la consolante musique pour survivre il n'y a que ce retour tribal possible pour affliger sa peine, l'exorciser, à en brûler le mal et refermer la porte de l'enfer.

 

Et puis il y a toi,

qui promets le matin. L'aurore encore

un lendemain possible

une confiance maintenue dans le langage,

mais il y a cet amour à l'apparence du verre, qu'on croit solide

mais qui est comme la mer

plus lent encore à se défaire

plus lent encore que le mouvement de la glace.

plus lent encore que le mouvement de la Terre.

 

La déchirure

le manque

ce sexe arraché à l'autre

et qui manque

 

L'impossible souvenir qui arrache à l'oubli.

J'eus aimé :  vérité de l'amour.

La vérité lapsaire, chutée.

Et puis il y a toi.

Ton regard

l'innocence

la croyance d'un monde nouveau.

 

Il y a toi

Il y a toi

ce désir de revanche

de reprendre

ton regard

et cette bouche immense ouverte sur la faim.

Publié dans Poésie

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