Folie passagère ?

Publié le par Julien

 

Je viens de rencontrer une femme qui fut naguère complètement folle ; elle insultait sans raison les malheureux qui la croisaient,  soliloquait nerveusement, criait sans cesse et sans raison sur son chien, qui par ailleurs me frappait par son flegme  : sans doute que ce chien avait-il fini par intégrer ce mode de relation, quoique étrange, avec sa maîtresse.  Cet été, la voyant sur l'estrade d'une guinguette, elle dansait à l'air chaud du soir et l'on ressentait son plaisir voire son bonheur. Bien qu'elle dansât maladroitement, sans trop oser dire que ses mouvements fussent tout à fait ridicules, une grâce se dégageait d'elle par l'intense plaisir qu'elle semblait ressentir à suivre la musique. Elle désirait. Pour la première fois, je la considérais humaine. Aujourd'hui, de nouveau je l'ai croisé, vêtu élégamment, bien coiffée, ses cheveux ont dû même être colorés.  Elle regarda sa montre. Ce simple geste lui rendit toute la normalité d'une personne. Elle devenait en effet personne. Elle maitrisait maintenant le temps, peut-être s'en inquiétait-elle ?  Avait-elle un rendez-vous à honorer ou craignait-elle être en retard pour le souper ou la préparation du repas ? C'était un sentiment tout à fait étrange de voir un tel changement que je finisse  par me demander si ce n'était pas moi qui fusse fou, comme si quelque chose avait basculé, comme si tout un système de représentation s'était inversé. D'autant plus que je déambulais un peu désabusé vers chez moi, seul, avec  un sentiment de lassitude qui me tenaille certains soirs  quand je prends conscience à quel point la vanité demeure de loin la caractéristique, pourtant la moins attachante, de l'être humain.

 

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Le fou est le contraire de personne

 

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Faute avouée, faute à demi pardonnée

 

Faut invavouée, faute à demi oubliée.

 

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Publié dans Écriture

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